Il ne faisait pas très clair, pour ne pas dire qu’il faisait noir, lorsque Paresse entra la pièce éclairée d’une seule ampoule et aux murs de bétons. La température était plutôt froide, mais il n’avait pas de mal à le supporter. En entrant dans la pièce, le Péché lâcha un long bâillement en gardant ses mains enfouies dans ses poches, jetant un coup d’œil aux alentours. Il aperçu un homme sur une chaise. Ah, probablement le nouveau venu dont il avait été informé. Il était dans un sal état, sûrement à cause de quelques résidents de ce secteur des bidonvilles. Au-dessus de l’inconnu, plus précisément au plafond, se trouvait quelque chose qui ressemblait à un corps mutilé. L’homme était sûrement le suivant sur la liste.

Enfin bon, Paresse s’approcha d’un pas lent vers la personne en face de lui pour remarquer qu’il était attaché. Il le regarda un moment avant de dire d’un ton, dont on pouvait sentir une grande fatigue.

"Bonsoir. Tu dois être le mec dont je suis en charge..."

Lentement, il s’avança vers les cordes qui retenaient l’homme à moitié endormi pour le libéré, en pensant que ce serait bien s’il pouvait s’étendre sur le sol pour faire une sieste. Pendant qu’il dénouait ces liens, il marmonna : "Pourquoi c’est à moi de faire ce boulot? J’étais pas le seul à être libre..."

Il se releva peu après, retourna en face du pauvre Chris qui s’était fait kidnappé à son premier jour à Fereydone. Il resta planté devant l’homme, tenant une posture nonchalante, attendant que celui-ci réponde à sa question : "T'es qui?"

Chris entendit bientôt des pas venir vers lui. Il secoua alors la tête pour se réveiller complètement, ce qui n’était pas gagner. Il sentait son sang chaud couler le long de son dos maintenant. La blessure ne devait pas être bien grave, mais assez pour qu’il mette le temps à voir comme il faut. Lorsqu’il entendit quelqu’un bailler, il releva encore une fois la tête dans la direction du bruit. Il put alors voir que ce qui arrivait ne ressemblait en rien à ce à quoi il ‘était attendu : pas d’uniforme, pas de bottes, pas de matraque, pas de flingue… Juste un jeune gars, du genre de ceux qui fréquente les universités. Rien à voir avec la prison d’où venait Chris. Deux solution : soit il était dans un rêve, toujours assommé, soit ce qu’il avait pris pour un rêve (l’évasion, la base de lancement et la navette), n’en était pas un… Mais alors où est-ce qu’il était ?
Ce gars devait avoir dans la vingtaine, pas plus : son physique et le son de sa voix trahissait son âge. Il salua Chris comme si ce dernier était là pour un entretien d’embauche… Mais ce qui restait d’un corps mutilé, juste au-dessus de Chris signifiait bien qu’en réalité, ce n’était pas du tout cela.
En bref, Chris était complètement perdu et n’avait de contrôle sur rien. Mais plus les secondes passaient, plus il retrouvait ses esprits et il put bientôt tenir sa tête droite sans plus la laisser tomber. Lorsque le jeune homme dit que Chris était certainement le gars dont il avait la charge, Chris sourit.

Ouais… C’est ça.

Puis le gamin fit quelque chose à laquelle Chris ne s’attendait pas du tout : il le détacha. Chris hésita à attaquer direct puis choisi d’attendre. Ca ne servait de toute façon pas à grand-chose de s’attaquer à un gringalet pareil… Une fois ses mains libres, Chris se redressa sur la chaise, frottant ses poignets qui garderaient probablement les marques des liens pendant plusieurs jours.
Le petit gars n’avait pas l’air vraiment ravi d’être là et marmonnait dans la sa barbe… Chris ne le quittait pas des yeux. Il avait un tas de question en tête, mais ne laissait percevoir aucune panique. Le jeunot lui demanda alors qui il était. Chris secoua la tête en souriant.

Non. Toi d’abord. T’es quoi ? Du FBI ? Ils les recrutent au berceau maintenant?

Parce qu’après tout, ce n’était peut-être pas au pénitencier qu’ils l’avaient ramené, mais dans une des bases des feds. Et peut-être qu’ils avaient fait le lien entre les meurtres en série de ces dernières années et lui… Ce qui lui vaudrait la peine de mort si c’était le cas… Ou alors, peut-être que Chris était complètement à côté de la plaque.

Paresse était quelque peu surpris, sans vraiment le montrer et gardant son air passif habituel, qu’on lui demande ce qu’il est et non qui il est. Et l’homme poursuivi avec quelques questions qui paraissaient être démunies de sens.

« Moi? J’suis un Péché », dit-il en se grattant l’arrière de la tête avec l’une de ses mains.
« Je m’appel Paresse. »

En entendant les mots FBI et berceau il ne pensa qu’à répondre ce qui lui traversa l'esprit : « FBI? C’est quoi? *bâillement* C’est une marque de matelas? »

Ce fut plus fort que lui, il dût demander. En ce moment, Paresse commençait à se sentir, bien évidemment, fatigué. Il décida donc de s’asseoir sur le sol, en face de l’inconnu qu’il venait de détacher. Il soutenait son menton avec d’une main, le bras accoudé sur son genou, ferma un œil et dit : "Si tu veux, je peux te dire pourquoi je suis là. Mais avant, t’es qui?

Il regarda cet homme avec son œil ouvert, en le regardant dans les yeux et attendant sa réponse. Paresse commençait à avoir hâte que le petit nouveau lui pose des questions, il avait envie d’en finir le plus tôt possible.

Chris regardait le gars… Mais c’était comme s’il n’y avait rien à regarder. Comme s’il regardait une sorte de statue. Une statue fatiguée, mais une statue quand même. Ce type ne changeait jamais d’expression, sauf peut-être pour bailler. Puis il avait l’air ravi d’être là. C’est ça plus que la réponse que lui donna le jeune homme qui commença à faire douter Chris sur l’endroit où il était. Du coup, il se tint sur ses gardes, d’autant que le décor n’inspirait pas confiance. Mais Chris savait lui aussi non pas rester impassible, mais cacher son jeu. Et puis… le sociopathe ne pouvait pas s’empêcher de sourire.
Se grattant derrière l’oreille d’un air nonchalant, celui qui avait l’air d’un étudiant en aéronautique se présenta. Et Chris prit un air clairement sceptique. Le Péché, il connaissait. Heu… Surtout la luxure en fait qui était un peu sa spécialité, et ça, même la prison n’avait pas pu l’arrêter.
Il rigola.

-Ouais, moi aussi je suis un Péché… Mon nom est luxure, mon pote.

Puis il fit un signe de la main, qui signifiait de laisser tomber, qu’il n’était pas sérieux. Et quand le petit s’assis et lui demanda ce qu’était le FBI… Ben Chris éclata sincèrement de rire… Ça c’était la meilleure. Cela dit, il n’était quand même pas vraiment rassuré : le type ne savait pas ce qu’était le FBI ! Le cauchemar de Chris qui lui collaient au cul depuis quelques années…

*Ca y est, je suis passé de la prison à l’asile.*

-Ok, c’est pas grave. On s’en fout de toute façon.

Chris se leva alors et marcha un peu en rond histoire de se dégourdir les jambes. Et il était tellement raide qu’il estima que ça devait faire un bout de temps qu’il était attaché là. Alors le petit gars assis par terre réitéra sa question, disant que si Chris se présentait, il lui dirait pourquoi il était là. Chris trouva le deal assez juste… Mais s’il estimait que si la raison de la présence du gamin était dangereuse pour lui, il ressortirait les bons vieux trucs… Il resta debout mais fit face au garçon.

-Chris Waters. Matricule s092423. Mais Chris ça me suffit… Paresse…

Tout en parlant, Chris regardait atour de lui, cherchant une issue. Parce que si au mieux, il était toujours en prison et que ce bordel était un coup monté (ce qui serait d’un goût très douteux, même pour quelqu’un comme Chris), il lui restait encore 82 ans à tirer… Hum…

[HRP: désolé du délais, j'ferai ça plus vite la prochaine fois, l'école me tenait un peu occupée...]



Après que Paresse se soit présenté, l'homme devant lui dit être un Péché lui aussi? Mais non c'est impossible, surtout pas Luxure. De toute façon Paresse connait Luxure, alors il le sait, mais ce n'est pas comme si ils étaient amis non plus, plutôt des connaissances.

"En fait, je ne crois pas que ce soit possible, je connais le vrai Luxure.", il fait une petite pause entre ses mots avant de poursuivre, "Bref, je le connais et il drague toutes les filles qu'il voit."

Peu de temps après, l'autre devant lui décida de se lever. Voyant cela, Paresse lâcha un baîllement avant de se relever lentement. Il n'avait cependant pas l'intention de faire quoi que ce soit, juste se lever, être debout. Par la suite l'étranger se présenta, son nom était apparemment Chris. Chris Waters pour être plus exact. Ce qui était du reste ne l'intéressait pas du tout.

Une fois que Chris s'était présenté, Paresse se frotta un oeil et commença, "Donc, je vais commencer par te dire où t'es, Chris.", malgré ses expressions et airs fatigués et sans énergie, il avait l'air un peu plus sérieux cette fois-ci.

"Ici, l'endroit où on est, c'est une maison qui est à un des mecs du coin, ici dans Fereydone, plus précisément dans les bidonvilles de Fereydone.", il metta sa main devant sa bouche et se remis à baîller. "Bref, pour faire plus court, t'as le choix entre nous joindre chez les Nihilistes, ou partir... Tu as le choix."

Il pensa un peu avant de céder la parole à Chris et pensa qu'il serait bien s'il expliquait à cet homme ce qu'est le but des Nihilistes pour que celui-ci les joigne, un nouveau c'est pas de refus. Surtout qu'il pourrait bien faire le sal boulot à la place de Paresse.

"J'crois que ce serait bien de t'expliquer le but des Nihilistes. Notre but en fait, c'est de récolter de l'énergie, pour notre crystal, en détruisant des mondes."

Alors Paresse se mit en attente pour savoir ce que Chris allait décider.

Chris, tout en tournant en rond, se préparant mentalement et physiquement à courir ou à tuer, n’importe quoi pour s’enfuir de cet endroit, gardait quand même un œil sur le petit gars. Et bon Dieu qu’est-ce qu’il était… Lent… Mais bon, en même temps, il s’appelait Paresse alors il ne fallait pas trop compter sur sa motivation…
Le sociopathe restait calme, même si les bâillements de son interlocuteur commençaient à ponctuer un peu trop la conversation à son goût. Et en plus, il n’écoutait pas ce que Chris lui disait… Il posait des questions puis semblait se foutre complètement de la réponse. Bref, ils étaient deux à perdre leur temps.
Chris s’arrêta alors de marcher pour s’arrêter devant Paresse qui était assis par terre. Il écarta les bras puis les laissa retomber de chaque côté de son corps en soupirant, l’air de demander ce qu’on attendait de lui.
Puis l’autre se décida enfin à cracher le morceau. Il expliqua où était Chris et ça, c’était intéressant. Il n’était plus en prison, ni même à l’asile, mais dans une ville qu’il ne connaissait pas. Dans quel état c’était ? Était-ce seulement aux USA ? Y avait des bidonvilles aux USA ?
Mais un seul mot fit vraiment réagir Waters, qui écarquilla les yeux une seconde. Si tout ce que Paresse lui avait dit jusque-là avait peu de sens, le terme « nihiliste » ressortait avec une sorte d’aura… Car il connaissait ce mot. De même que « cristal » et « détruire monde ».
Après la brève explication de Paresse, le sociopathe s’accroupi devant lui, les coudes sur les genoux, pour être à son niveau… Et très près aussi.

-Nihiliste ? Je connais le principe, merci. C’est avec des soi-disant Nihilistes que je me suis évadé de là où j’étais. Mais je croyais que c’étaient juste des fans de convention Star Trek ou des gars qui avaient lu trop de comics…

Chris sourit…

-J’avais le choix entre eux ou les aryens…

Mais s’il semblait amusé, dans sa tête, les pièces du puzzle se mettaient plus ou moins en place. Il lui en manquait, évidemment, mais c’était déjà un début. Puis il se rappelait de la navette. C’était risible, mais c’était la dernière chose dont il se rappelait avant d’avoir été assommé par un de ces dérangés. Paresse le laissait avec un choix : rejoindre les nihilistes ou partir. Mais il n’était pas question qu’il parte sans en savoir plus.

-Je suis un nihiliste. J’ai joué à tous leurs petits jeux et récités tous les serments qu’ils avaient inventés…

Puis, sans prévenir, Chris attrapa violemment Paresse par le cou à deux mains et le plaqua contre le mur, le relevant en même temps. L’autre était léger. Chris devait au moins faire deux fois son poids. Mais il se méfiait quand même, maintenant l’autre convenablement pour ne pas prendre un coup bas.

-Ferey… Enfin cette ville… Je suis où ? Je veux l’Etat ou le pays… Et je veux savoir comment je suis arrivé là.

Malgré la position dans laquelle ils étaient, Chris parlait calmement, sur le ton de la conversation.

-Ah… Et tu bâilles encore une fois et je t’envoie dormir pour un bon bout de temps.

Qu'il était fatigant d'être ici. Non seulement il faisait sombre, malgré la faible lampe encore allumée, mais en plus, il devait se taper un travail qu'il avait toujours refusé de faire. Mais bon, quand Orgueil était dans les parages, il fallait toujours lui obéir, bien sûr. Certes, c'était pour une raison bien particulière que les Pêchés, à la fois si proche et si éloignés de Dieu, ou même du Diable, obéissaient aux nihilistes. Cependant, il ne s'agissait pas du sujet actuel, étant donné que le travail de Paresse était de s'occuper de cet homme. A la fois très coopératif et malpoli, il était assez difficile de le cerner. De toute façon, c'était bien trop dur pour le Pêché, qui en cet instant, ne voulait qu'une seule chose, dormir :

- Ah, c'est vrai que parfois y en a sur le terrain... Bah, tant mieux si tu connais.

Au moins, cela lui épargnait quelques explications. Cependant, une autre question venant de la part de Chris méritait une réponse concrète, et surtout, complète, ce qui avait le don de l'épuiser encore plus :

- Officiellement, tu n'es pas nihiliste, car on accepte pas n'importe qui. Faire partie du Néant quémande de la puissance, ou à défaut, un potentielle que la patronne acceptera à sa juste valeur. En échange, de nombreux avantages t'attendent, mais pour cela, il te faudra réussir une épreuve.

Pour Paresse, les avantages ne se comptaient pas vraiment, étant donné qu'il n'avait jamais l'occasion de dormir. Ah, il était clair que pour Luxure, entouré de tous les hommes et femmes qu'il souhaitait, pouvait avoir l'impression d'être au paradis. Alors que lui, il ne pouvait pas vraiment. La vie était injuste :

- Etat ? Je sais pas, tu es juste sur Fereydone, et non loin d'ici, il y a notre quartier général. Enfin, si je te le dis, c'est parce que soit tu réussis l'épreuve et tu nous rejoins, soit tu la rate, et là, je devrai te tuer.

Certes, la menace émanant de l'homme des Pêchés pouvait paraître totalement insolite, d'autant plus que son apparence physique ne laissait pas deviner sa puissance. Et pourtant :

- Oh, cela m'aiderait, j'ai tellement besoin de dormir.

Et sur ces mots, Paresse bailla une nouvelle fois.

L’autre sembla plus ou moins ravi de savoir que Chris connaissait à peu près le principe de ce qu’était un nihiliste. Mais malgré ça, il avait toujours l’air aussi motivé… Pas de doute, ce type portait bien son nom. Chris restait debout à l’écouter, mais commençait à s’énerver, même si cela ne se voyait pas. Il était perdu et n’aimait pas ça. Il ne savait pas où il était, ni comment il était arrivé là et il n’aimait pas ça. Paresse n’arrêtait pas de bailler… Et il n’aimait pas ça. Il voulait que les choses avancent, s’activent… Il voulait avoir des prises auxquelles s’accrocher.
Soit… Il n’était pas officiellement nihiliste. D’accord. De toute façon, il n’avait jamais cru à toutes ces histoires. Mais bon, en prison, il lui avait bien fallu s’intégrer à un des groupes. Mais l’autre ne semblait rien comprendre à ce qu’il disait… Le FBI ne lui avait rien évoqué à part une marque de matelas et il semblait que les Aryens, cela ne lui dise rien non plus.
C’est alors que Chris, arrivé au bout de ses ressources diplomatique, employa une autre méthode qu’il connaissait bien mieux et qui, souvent aboutissait à des résultats plus concrets. Mais lorsque le Péché fut plaqué contre le mur, immobilisé, celui-ci ne changea pas d’expression. Paresse ne paniqua pas et ne sembla même pas effrayé. Mais il continua à parler.
Il y avait une épreuve à passer s’il voulait rejoindre les nihilistes. Et ça voulait dire quoi SUR Fereydone ? Ça ne lui disait toujours pas ce qu’était Fereydone… Il y avait une épreuve à passer et la mort en cas d’échec. Ouais… Ce genre de deal, c’était à la mode en prison. Tu suces ou tu crèves, tu tues un tel ou tu crèves… Mais au moins, Chris connaissait les règles du jeu dans ce cas-ci. Alors il réfléchit une seconde, maintenant toujours le Péché plaqué contre le mur, sans lâcher la pression qu’il exerçait sur celui-ci. Le sociopathe sourit… C’était quand même bizarre un deal pareil quand c’était celui qui le proposait qui était en position de faiblesse.

-Ok. Deal. Je le passe ton test.

Parce qu’au moins, s’il le faisait, on l’emmènerait autre part. Il pourrait sortir d’ici et faire un tour d’horizon, se repérer, calculer les possibilités, les échappatoires…
Mais quand le Péché se remit à bailler, Chris utilisa son avant-bras pour appuyer sur la gorge de Paresse de plus en plus fort et parla toujours sur ce même ton calme qui ne laissait pas deviner son énervement :

-J’ai dit arrête de bailler… C’est quoi cette épreuve.

Pour laisser le Péché parler, Chris relâcha juste un peu la gorge de Paresse.

Pour Paresse, la situation ne l'inquiétait guère. Que l'autre homme le plaque au mur pour l'immobiliser, ça ne faisait que l'ennuyer encore plus. Après tout, il n'avait pas à craindre pour sa vie. Il était un Pêché, c'est-à-dire à la fois puissant et à la limite de l'immortalité. Quant à la douleur... Le seul défaut qu'on pouvait lui attribuer était de l'empêcher de dormir. Cependant, il se devait de donner satisfaction à cet homme, du moins jusqu'à ce que ce dernier corresponde aux attentes du Néant, et ce en passant l'épreuve. Mais pour l'instant, pour se faire, il fallait qu'il le laisse respirer, et Paresse en profita pour piquer un petit somme rapide. Au bout de quelques secondes, la pression se relâcha, et l'homme des Pêchés en profita pour se réveiller tout de suite, avant de regarder Chris droit dans les yeux :

- Attends, laisse moi mettre le décor en place.

Ne laissant même pas à son interlocuteur le temps de se retirer, Paresse se concentra pour créer une onde de choc, qui expulsa violemment Chris vers le mur, balayant au passage une chaise encore mise en place. De son côté, l'homme des Pêchés posa un pied à terre pour mieux respirer, et aussi masser son cou. A présent qu'il était libre, il pouvait facilement mettre en place les conditions de l'épreuve. Cependant, trop fatigué pour claquer des doigts, Paresse ne fit que baisser la tête pour se rendormir, tandis qu'autour des deux hommes, le décor se mit à changer. Les murs et les plafonds disparurent, et bientôt, un long tunnel apparut. Sombre et probablement très long, Paresse apparut devant Chris, encore légèrement endormi :

- Hmmm... Zzzz... Ah, oui, l'épreuve. Bienvenue au Tunnel de l'Affliction. Le principe, arriver au bout, c'est compréhensible jusque là ?

C’est alors que Chris fut projeté à travers la pièce… Bon, d’accord, celle-ci n’était pas vraiment grande, mais c’était quand même impressionnant. Pourquoi ? Parce que Paresse, pour envoyer Waters valdinguer contre le mur du fond, n’avait pas fait un seul geste !
Le dos de Chris percuta violemment le mur de béton, ainsi que l’arrière de son crâne qui avait déjà subi un coup plus tôt… Mais combien de temps plus tôt au fait ? Quelques heures ? Quelques jours ? Et alors que Chris se laissait lentement glisser par terre à cause de la puissance du coup qui faisait qu’une douleur lancinante le parcourait du bas du dos jusqu’à la base de la tête, celui-ci commença à comprendre la situation dans laquelle il était… Ou plutôt, il commençait à y croire.
En effet, finalement, il savait quand même ce qu’il se passait : les nihilistes qu’il avait rencontrés en prison lui avaient expliqué le plan… Mais lui avait toujours cru que c’était une blague, ou du moins que ces gars-là se faisaient des films.
Et si ce à quoi il commençait à croire était vrai, il pouvait en déduire plusieurs choses : la première était que son monde, sa planète, avait bel et bien été absorbée par le néant et ses ex-femmes avec (bon ben tant pis)… La deuxième, c’était que s’il n’avait plus de planète, il était donc sur une autre planète ou sur une station orbitale, comme dans les films… Et troisièmement, quoi que ce soit, le truc qu’il avait en face de lui n’était pas humain. Aucun humain ne pouvait faire ce qu’il venait et était en train de faire.
Parce que tout ça n’était pas fini. Le jeune homme, ou Péché, ou calamité qui se tenait à l’autre bout de la pièce était en train de faire changer le décor, comme si ce n’était que du carton-pâte de cinéma et encore, sans les mains ! Et en plus, le Péché semblait somnoler ! Chris se releva douloureusement pour se tenir prêt à n’importe quoi.
Quand tout autour d’eux eut fini de bouger, Chris regarda autour de lui. Il avait légèrement la nausée à cause du phénomène qui venait de se produire. C’était désorientant. Paresse repris alors la parole, lui souhaitant la bienvenue dans le Tunnel de l’affliction. Chris se détendit et sourit.
C’était un très long tunnel et c’était à ça que devait ressembler les visions de ceux qui avaient expérimenté une NDE. Mais Chris, lui, n’était pas mort. Il avait bien trop mal partout pour ça. Le sociopathe regarda alors le Péché droit dans les yeux, souriant toujours… Et ce n’était pas chez lui forcément un signe de sympathie.

-J’ai compris, ouais. Je traverse, et c’est tout. Et après je serai nihiliste.

Chris n’avait pas vraiment la conviction que c’était facile… Mais en même temps, il ne savait pas vraiment ce qu’était l’affliction non plus. C’est comme cette histoire de nihiliste. C’était plus par curiosité que par conviction que Chris voulait passer l’épreuve. Mais qu’il entre dans un camp ou un autres, les proies restaient des proies.
Le serial killer s’étira pour essayer de soulager ses muscles endoloris puis se mit à courir dans le tunnel…

Maintenant que le décor était mis en place, Chris pouvait désormais constater de la réalité de phénomènes surnaturels, ce à quoi il ne devait pas croire, même s'il tendait à finir dans un asile. L'avantage avec lui, c'est qu'il semblait aussi déterminé que Paresse à en finir, ainsi le test n'allait probablement pas durer bien longtemps. Ce qui embêtait plus le pêché capital, c'est qu'il se devait de donner un peu de difficulté à l'aspirant nihiliste ou il aurait encore à affronter les douloureux sermons du chef. C'était vraiment un travail épuisant mais au moins le pêché aurait mérité un petit moment de répit. Bien évidemment, ce n'est pas pour autant qu'il n'essayait pas de profiter des épreuves pour piquer un somme et il avait déjà ses idées pour Chris Waters. Le problème, c'est qu'il était tellement pressé d'en finir que le sociopathe se mit à courir, n'attendant pas la suite des instructions. En le voyant faire, Paresse semblait déjà désespéré à l'idée de devoir courir pour le rattraper, mais il ne se fit pas prier longtemps pour ça et s'étira lui aussi. Si tôt fait, sa course fut tellement rapide que Chris ne devait même pas l'avoir entendu arriver. En atteignant Chris, Paresse sauta sur son dos et s'accrocha avec ténacité à son dos et ses épaules, tel un jockey, de quoi mettre le taulard sur les nerfs d'ailleurs.

-Hé affliction tu sais ce que ça veut dire ? J'ai pas appelé ce tunnel comme ça pour faire joli, si tu le traverses sans même souffrir ou n'avoir ne serait-ce qu'un peu de peine, ça n'a plus aucun sens... bon je t'explique en gros, t'as dû remarquer j'étais pas lourd, cependant, à chaque seconde passée dans ce tunnel mon poids augmente de 500 grammes, me demandes pas comment je fais ce serait trop chiant à expliquer... enfin bref, j'espère que tu cours vite parce que je vais finir pas te briser les os... Ah oui, et ce tunnel doit faire 4 kilomètres à peu près.

C'était le détail qui méritait de vous achever. En effet 4km parait suffisant pour une petite course d'endurance, cependant lorsque le temps vous était compté, la tâche en devenait bien plus ardue. Paresse avait donné toutes les instructions au sociopathe, il semblait donc que le reste dépende de ce dernier. Aussitôt, Paresse, enroulant bien ses bras au torse de Chris pour ne pas lâcher, en profita pour piquer un somme, après lui avoir donné une dernière précision, qui ressemblait cependant plus à une réclamation.

-Ah ouais, et évites de te croûter par terre, j'aimerais dormir convenablement moi...

Chris courait le plus vite qu’il pouvait, sans se retourner… Un peu comme le soir de son évasion avec les autres nihilistes. Et du coup, il ne s’attendait pas du tout à être non seulement rattrapé, mais aussi agrippé par quelque chose de plus ou moins léger, mais qui tenait bon. Chris, par un réflexe animal, fit un tour sur lui-même avant de s’arrêter, voyant que cela ne serait à rien. Paresse n’en avait pas l’air comme ça, mais quand il tenait quelque chose, il le gardait. Et quelque part, cette façon de faire plu à Chris. Il préférait ça à causer avec une loque.
Alors vint la suite des instructions. Chris écouta attentivement, souriant lorsque son interlocuteur, qu’il ne pouvait voir puisqu’il était sur son dos, lui demanda s’il savait ce que « affliction » voulait dire. Il ne savait pas pour Paresse, mais pour lui, « affliction » ça ne pouvait que faire joli… Mais l’affliction dont Paresse parlait n’était pas psychologique, mais physique… Peut-être le seul type de douleur que Chris pouvait comprendre. Du coup, Chris n’attendit pas la fin des instructions du Péché avant de se remettre à courir, essayant de gagner quelques mètres avant que l’épreuve ne commence vraiment. Et alors qu’il courait et que sa respiration s’accélérait, Chris fit un rapide calcul… Chris savait qu’il faisait quatre kilomètres en courant en plus ou moins 15 minutes. 15 x 60 pour avoir les secondes ça faisait 900 secondes… Ce qui voulait dire que Paresse, qui ne devait pas faire plus de 65 kilos allait en prendre 450… Sans compter que plus Paresse prendrait de poids, plus Chris prendrait du temps pour avancer. Puis il reprit la parole d’un air perplexe, mais sans pour autant s’arrêter.

-C’est tout bonnement impossible ton truc. Je m’appelle pas superman. Je viens de la Terre, pas de Krypton…

Chris continuait pourtant de sourire. Sachant qu’il ne pourrait pas arriver au bout du tunnel avec Paresse sur le dos, il lui faudrait trouver autre chose. Ruser pour y arriver. Le Péché ne semblait pas avoir écouté le sociopathe… Il s’était probablement rendormi vu qu’apparemment, son but dans la vie, c’était de roupiller le plus longtemps possible pour entrer dans le Guiness book des records.
Il courut cependant aussi vite et aussi loin qu’il pouvait. Au début ça allait encore : Chris avait eu largement le temps de faire des haltères et des tours de salle dans le gymnase de son dernier domicile officiel… Et puis, il avait un peu de marge de base étant donné que Paresse ne pesait pas 100 kilos au départ…
Mais une fois que le Péché eut atteint environs les 250 kilos, cela commença à devenir compliqué. Et Chris devint de plus en plus lent à chaque seconde qui passait. Il n’était même pas à la moitié du chemin ! Quand il commença à perdre l’équilibre, Chris continua encore à quatre pattes sur quelques mètres. Il sentait la sueur dégouliner le long de son dos et de son torse et son t-shirt était trempé. Mais cela ne semblait pas déranger le Péché.
Il devait rester encore 1800 mètres. Et c’était les 1800 mètres les plus longs qu’il eut jamais vu. Mais c’est à ce moment-là qu’il s’écroula par terre, à bout de souffle, crevant de soif. Il resta couché à terre quelques instants, profitant du contact avec le sol froid. De la poussière sombre se soulevait à chacune de ses respirations. Mais son repos fut de courte durée étant donné que Paresse, lui, continuait de prendre du poids sans que ça se voie… Le sociopathe se dit sarcastiquement que l’idée aurait plus à une de ses ex-femmes. Mais il ne sourit pas longtemps. Et un léger « crack ! » qu’il sentait venir de sa cage thoracique l’incita à bouger, à réagir. Faisant un énorme effort, Chris se retourna afin que ce soit Paresse qui soit plaqué au sol et Chris couché sur le dos, le Péché sous lui.

*C’est que ce serait presque excitant… Si seulement ce gars n’était pas si lourd…*

Il prit encore quelques secondes pour reprendre son souffle… Et pour réfléchir. Sa force ne l’aiderait plus en rien. C’était physiquement impossible. Alors Chris tenta un truc. Il se secoua un peu, pour voir si le Péché allait se réveiller. Rien. Il souleva un bras et envoya une claque comme il pouvait dans la figure du jeune gars derrière lui. Rien. Ok… Maintenant, Chris se rappelait d’une histoire que sa mère lui avait racontée alors qu’il avait 14 ans.
A l’époque, Chris était sujet à des crises de somnambulisme. Il sortait de son lit, descendait les escaliers et errait dans le salon… Sa mère le suivait, sans le réveiller car elle avait entendu dire qu’il ne fallait pas réveiller un somnambule. Mais il lui suffisait de lui dire ce qu’il devait faire, des ordres simples comme « va te recoucher » et Chris obéissait, sans demander son reste, mais dormant toujours. Le lendemain, Chris ne se rappelait de rien, mais sa mère, elle, se rappelait de ses yeux grands ouverts aux pupilles dilatées qui changeaient ses yeux bleus en trous noirs.
Quand il eut repris son souffle, Chris interpella le Péché, espérant que ça marcherait.

-Yo ! Paresse… Lâche-moi. Détache tes mains…

Paresse restait généralement vif d'esprit lorsqu'il dormait, cependant on finissait toujours par le réveiller assez vite car celui-ci choisissait bien ses moments, en plein combat, en pleine conversation ou autres... Mais là, Chris courrait sereinement et ses pas lui paraissaient plus comme une berceuse, ainsi il était tombé dans un sommeil profond. Il dormait comme un bébé, à point qu'il devait certainement rêver à des choses impensables pour un humain ou même un kryptien. Après tout il était la forme vivante d'un pêché capital, à part l'apparence et le langage, il n'avait pas grand chose en commun avec les mortels. Bien que Paresse n'était pas somnambule, Chris avait eu bonne intuition car en se réveillant finalement après quelques secondes, n'étant plus habitué à ne plus sentir aucun mouvement, ses pensées étaient confuses.

-Hé ? Ah mince pourquoi on me laisse jamais... *bâille* me reposer un peu ?

Alors le pêché regarda autour de lui, il reconnaissait assez aisément le terrain, et en voyant le visage radieux de Chris, il se rappelait devoir lui faire passer une épreuve dans le tunnel de l'affliction. Cependant, avaient-ils déjà commencés ou pas ? Il regarda alors Chris l'air perplexe, il n'était plus sûr du tout et il ne pensait pas vraiment lui faire confiance... mais après tout il ne pouvait pas non plus être injuste avec lui et lui imposer un poids de départ si jamais ils avaient à peine commencé. Après tout son but n'était pas vraiment de le tuer mais plutôt de le recruter. Mais peut-être que l'épreuve semblait facile pour lui, car après tout l'aspirant nihiliste avait eu l'honnêteté de le réveiller. Il aurait aussi très bien pu essayer de se détacher avec quelques efforts, et de continuer sans lui. C'est pour cela que, réflexion faite, il en vint à cette conclusion. Il relâcha bien sûr son emprise avec cela.

-Euh vu que t'as l'air de demander après moi, je suppose que tu attendais mes instructions ? Ah vraiment, c'est la phase chiante de l'épreuve, ça m'étonne pas que ça m'ait endormi.... enfin bref, en gros tu vas devoir me porter jusqu'au bout de ce tunnel qui doit faire à peu près... 6 km de long, et mon poids va augmenter à chaque seconde de 500 grammes...

Si tôt dit, Paresse agrippa une nouvelle fois l'aspirant, revenant à sa légèreté habituelle. Quelque chose avait certainement dû faire perdre tout espoir à Chris cependant. En effet, le pêché capital lui avait donné une mesure différente et plus effrayante encore que la précédente. Mais après tout, il s'agissait de Paresse, et le fait de réfléchir sur les distances et les longueurs faisait partie des choses fatigantes, ainsi on pouvait très bien supposer que le pêché lui ait balancé des chiffres au hasard. Ce dont Chris ne se doutait pas, c'est que la première fois déjà, Paresse lui avait raconté des bêtises, et il était presque déjà arrivé. Mais n'oublions rien : Paresse se rendormit évidemment.

Quand le péché se réveilla, ce qui contraria un peu Chris, le sociopathe se releva instantanément. Ce truc, quoi que ce soit, n’était pas somnambule. Mais le péché l’avait lâché et c’était déjà ça. Il allait se mettre à courir, partir sans Paresse, quand celui-ci se remit à parler, les yeux encore à moitié clos. Ce qui empêcha Chris de partir, c’était le fait que Paresse recommençait les mêmes instructions. Il avait oublié qu’ils avaient déjà commencé ! C’était une chance pour lui car le Péché redevint plus léger et resauta sur son dos.

*Ok… Quand il vient de se réveiller, il a la tête dans le cul.*

Chris sourit et ne fit pas remarquer au jeune homme qu’il avait déjà parcouru la moitié du chemin. Mais quand il dit qu’il y avait six kilomètres à parcourir, Chris ne montra pas sa surprise. Puis il réfléchit une seconde. Le Péché avait hésité, non… Et puis… S’il avait augmenté la distance, la sortie aurait eu l’air de se rétrécir. Et ce n’était pas le cas… Ouais… Il était à l’ouest. Et probablement pas très compétent comme recruteur, mais ça arrangeait bien Chris.
Le serial killer se remit alors à courir, le plus vite qu’il pouvait. Il était épuisé par le coup qu’il avait pris et par sa première course et était obligé de puiser dans ses réserves.
Bientôt, il put voir l’autre bout du tunnel. Et, même s’il n’avait pas de compteur kilométrique sur lui, Chris était certain qu’il n’avait pas parcouru 4 kilomètres. Mais Chris avançait de nouveau à quatre pattes et c’est ainsi qu’il sortit du tunnel, de laissant de nouveau tomber à terre.
Il attrapa alors les mains du Péché, serra à fond, au point que des doigts d’humain auraient cassé, et se libéra de l’emprise du Péché qu’il fit rouler à côté de lui.
Chris resta couché là, dans la poussière qui lui rappelait les sentiers des USA pendant les sécheresses estivales. Tous ses muscles étaient endoloris, ses avant-bras étaient au bord de la crampe.
Mais cette épreuve passée, il allait pouvoir passer à autre chose. Découvrir ce nouveau monde, son nouveau terrain de jeu… Ses nouvelles proies.
Et comme Paresse, il s’endormit, son corps n’en pouvant plus.

La course avait reprit son fil. La distance qu'il restait à Chris de faire paraissait insignifiante, mais elle ne devait cependant pas être moins éprouvante que la première partie de la traversée du tunnel, car l'homme avait beaucoup perdu de son énergie, il était peut-être même entré dans un état de transe, dans lequel il courrait sans réfléchir, sans même sentir ses jambes ni pouvoir penser. Il semblait cependant garder espoir car il n'avait pas faibli à l'écoute des 6 kms à traverser, ce qui aurait pu détruire l'esprit de beaucoup d'autres. Mais l'aspirant nihiliste parvint à terminer l'épreuve avec succès. Il pouvait être fier car les épreuves de Paresse pouvaient être relativement difficiles vu qu'il n'aime pas beaucoup réfléchir aux conséquences qu'elles pouvaient avoir sur l'aspirant. Surtout qu'il n'y avait pas lieu de parler de tricherie. En effet, l'épreuve était aussi physique que mentale, et Chris avait assez bien imaginé comment profiter de l'état paresseux du pêché, rien dans les règles de l'épreuve ne l'interdisait à l'induire en erreur. Sans cela, ç'aurait même relevé du surnaturel de remporter l'épreuve.

Mais une fois arrivé, lorsque Chris s'endormi, Paresse se réveilla subitement. N'ayant pas beaucoup dormi cette fois, il n'avait pas le sommeil bien profond et quelque chose lui paraissait bizarre. Comment se faisait-il que l'épreuve ait déjà été terminée ? En effet, le tunnel lui avait semblé bien court contrairement à ce qu'il en avait imaginé. Mais le pêché capital abandonna bien rapidement quant à savoir pourquoi, et se recoucha aussi vite, considérant l'épreuve comme terminée. Il devait désormais amener Chris au chef pour qu'il devienne un vrai nihiliste, mais cela n'avait pas beaucoup d'utilité s'il était incapable de s'entretenir avec. Ainsi, l'idée ne déplaisant pas à Paresse, il se mit à faire la sieste aussi, cette fois certainement pour quelques heures. Avant cela, il avait déjà prit soin de laisser une gate, un portail magique connectant les mondes, ouverte à côté, menant directement à l'antre de Lullaby, dans le manoir de Fereydone.

Chris ouvrit les yeux doucement, l’esprit encore complètement dans les vapes. Il venait de faire un deuxième rêve bizarre et il serait à la limite bien content de revenir à ses bonnes vieilles habitudes ou alors monter un nouveau coup… Il pourrait s’allier avec les aryens et mettre une raclée aux nihilistes qui le faisaient cogiter et rêver à des trucs incroyables…
Mais lorsqu’il prit une grande inspiration afin de remplir ses poumons plaqués contre le sol dur, c’est de la poussière qui s’y insinua et il fut obligé de se retourner en vitesse et de s’assoir, pris d’une violente quinte de toux… Alors sa tête devint un peu plus claire et ses muscles complètement endoloris lui rappelèrent que l’épreuve qu’il venait de passer n’avait rien d’un rêve.
Une fois qu’il eut repris le contrôle de sa respiration, Chris se leva et essaya de s’étirer. Il avait de l’entraînement et n’était pas vraiment du genre faible physiquement, mais il fallait dire que ça n’avait pas été de la tarte de se trimballer le Péché…
A cette pensée, le serial killer regarda autour de lui et ses yeux tombèrent sur Paresse qui dormait non loin de là. La vie de ce type devait être passionnante… Et Chris se demanda ce que ça aurait été si c’était sur Luxure qu’il était tombé… Au moins, avec ce Péché-là, il y aurait peut-être eut moyen de prendre un peu de plaisir…
Chris secoua la tête… Il verrait ça plus tard. Pour le moment, il était dans un endroit qu’il ne connaissait pas et dont il ne savait même pas s’il était réel… Cela pouvait très bien avoir été « créé » par le Péché. Chris sourit.

*C’est ça ouais… Mais à quoi tu penses mon pauvre vieux ?*

Soit. Deux options s’offraient maintenant à lui : se tirer d’ici en laissant l’autre dormir calmement, ou réveiller le jeune homme et demander quelle était la prochaine étape. Ce n’est qu’à ce moment-là que Chris distingua, à environs trois mètres du Péché, que le paysage ondulait bizarrement… Mais seulement localement. Cela ressemblait un peut à ces ondulations qu’on peut voir sur les routes lors de grosses chaleurs… Chris s’en approcha. Et plus il s’approchait, plus ce truc était bizarre. Plutôt que de disparaître, ça se précisait… Et le paysage semblait se superposer à un autre paysage… Chris, qui avait la case du cerveau marqué « adrénaline » à zéro la plupart du temps et quoi qu’il arrive, essaya de passer sa main dedans. Physiquement, ce n’était ni chaud, ni froid, ni douloureux… Mais sa main passait quand même dans… autre chose… Autre part.

*Ok… Soit je cours… Soit je me coltine encore un moment le gamin…*

Il se tourna alors vers le Péché et sortit sa main du… de… enfin du truc quoi. Alors in revint vers le Péché et donna un coup de pied, pas trop fort quand même, dans le flan du Péché avant de se pencher sur ce dernier.

-Hey ! Debout la dedans. La sieste est terminée.

Sur quoi, il redonna un coup dedans, un peu plus fort, mais pas assez pour faire vraiment mal.

Ayant profité de la pause de Chris pour faire sa sieste, le pêché capital vivait un moment heureux, dans ses rêves... Mais de quoi pouvait-il bien rêver au juste ? Paresse dormait encore comme un enfant, le sourire au lèvres, il rêvait qu'il dormait paisiblement dans le lit le plus luxueux qui soit, dans un monde où le travail n'existe même pas. Il savait qu'à son réveil il pourrait s'amuser avec Gourmandise et Luxure, toujours à fainéanter, pour se recoucher au bout de quelques heures. Ainsi oui on pouvait vraiment dire que la vie de ce pêché était passionnante, il n'était pas très ambitieux, tout ce qu'il voulait après tout, c'était se reposer, et s'amuser. S'éveillant alors en rêve, il rejoignait déjà les pêchés avec lesquels il passait le plus de temps. Un obstacle se fit cependant, et celui-ci était assez identifiable : il ressemblait à un homme, assez hostile, et qui n'a d'ailleurs pas l'air d'avoir envie de s'amuser. Au contraire il se fit même attaquer, prenant un premier coup, le dérangeant beaucoup. Si ce coup ne lui faisait pas mal, il restait toujours désagréable à ce qu'il se faisait bousculer ainsi. Trop fainéant pour se défendre, il s'apprêtait à se prendre un second coup, mais il ne put le voir arriver, le monde autour de lui s'estompant instantanément.

-Hein quoi !

Reprenant ses esprits pendant quelques secondes, il réalisa qu'on venait de le réveiller, et qu'il était toujours avec cette recrue qui s'était permise de dormir en plein milieu de la rencontre. C'était osé il fallait le dire, surtout face à Paresse ! Aussitôt, le pêché capital se releva, soupirant bruyamment : il paraissait plutôt agacé. Visiblement, celui-ci ne connaissait pas le concept de gate, sinon il serait probablement déjà parti. Quoiqu'il n'aurait pas su où il aurait atterri. Enfin Paresse ne se fit pas prier pour lui expliquer, plus vite il en aurait fini, plus vite il retournerait se coucher. Et puis il ne devait pas attendre plus longtemps car il envoyé plus tôt un message au chef lui signalant qu'il lui amènerait une recrue pour une mission déjà prête à commencer.

-Ah de retour dans ce monde de fous... Enfin bref, maintenant que t'as réussi l'épreuve, je me demande toujours comment d'ailleurs, faut que tu t'entretiennes avec le chef des nihilistes pour en devenir un. J'ai ouvert une Gate, un portail magique... enfin, la flemme d'expliquer, quoi, il peut nous emmener sur place, tu n'as qu'à me suivre...

Si tôt dit, le pêché capital pénétra la Gate qu'il avait ouverte. Chris avait toujours le choix de le suivre, après tout Paresse venait de le laisser derrière. De toute façon, il avait déjà à moitié scellé son âme au nihilisme, s'il tentait de s'échapper maintenant, Soul, le messie du néant, le retrouverait bien assez tôt.