D'abord, atteindre la poche. Les parasites sabotaient son corps, il devait apprendre chaque jour, a en reprendre le contrôle. Doigts, main, tater l'obscurité des nuits les plus terrifiantes. Ensuite, serrer la main. Activer les muscles. Ne pas les laisser faire.

Ne jamais se laisser faire. Perdre le controle, c'est perdre la vie. Perdre la vie, c'était admettre sa défaite. NE SURTOUT PAS LES LAISSER GAGNER.

Le match nul était préférable dans cette situation. Pas de soucis, on otait les pièces de l'échéquier, on les replace, on change de coté, et on recommencait.

D'abord, atteindre la poche.

Doigts, mains.

Serrer la main. Activer les muscles.

Ensuite, oter la main de l'obscurité. Ca y'est. Agiter les doigts. Activer les muscles. Ne pas se laisser crisper.

Echec. Il laissait échapper la victoire. Chercher le match nul.

Inutile, au final. Bon retournement de situation, il gardait son sang froid.

Il n'avait pas peur. Il avait juste la colère. La haine de la défaite. Gagner a tout prix.

Il gardait sa cigarette dans les mains. Lever la main, activer les muscles.

Victoire. Mais une vraie compétition se joue en plusieurs matchs. C'était une finale, bien évidemment. Mais ca faisait deux ans qu'il jouait contre eux. Et le public se laissait déja. Peu importe. Il ne voulait pas perdre. Voulait il vraiment gagner cependant ?

Le match nul était bien.


"Il me faut du primordial."

Alertée par l'arrivée d'un nouveau rescapé à la Mog's University, la jeune Lili attendait en fait dans un coin du grand hall de la Renaissance, celle-ci était debout, derrière un énorme pilier. Telle une enfant, elle pencha sa tête sur le côté pour observer la personne qui venait de perdre son foyer. L'agent mais surtout l'accueil de la station se dévoila tout en sortant de sa cachette et marchant d'un pas lent vers Ahmed, le jeune homme semblait perdu dans ses pensées, dormait-il ? Songeait-il à quelque chose ? En tout cas, il n'avait pas perçu la présence de la demoiselle qui arrivait derrière lui, telle un félin, elle était déjà auprès de lui, discrètement. Elle ne voulait pas l'interrompre dans son monologue ou autre mais elle se décida de le faire quand même, de sa petite taille, elle tapota doucement son épaule.

- Monsieur?

Demanda t-elle tout en reculant de quelques pas.
Lili s'inclina alors, en guise de politesse.

- Bienvenue à la Mog's University.

Pour des raisons évidentes, Ahmed n'appreciait pas le contact physique. En revanche, sa silouhette frêle l'empéchait en général de se rebeller contre ceux envahissant son espace personnel.

En général, leur parler suffisait a les effrayer. Ils ne voulaient pas se méler a ses affaires.

Se retournant lentement, Ahmed observa l'intrus.

Femme. Plutot fillette. Surement une autre victime du Grand Envahisseur.

-ILLOGIQUE. Vous ne portez pas de lentilles, pourtant vos yeux présentent une teinte non naturelle.

Ahmed n'appréciait pas les choses illogiques. C'était une maladie, une gangrène qu'il combattait chaque jour. En général, amener leur existance dans le monde physique suffisait a les faire disparaitre.

Pourtant, les yeux ne changaient pas, et la fillette non plus.

Le problème logique était bien plus complexe.

Mais inutile de perdre trop de temps. La vie est un match d'échec, et depuis deux ans, cette manche se joue en blitz. Pas le temps de trop élaborer, il fallait jouer a l'instinct :

"Il me faut du primordial."

Ce n'était sans compter que Lili ressentait tout de même une crainte envers le nouvel arrivant qui se présentait devant ses yeux. La jeune agente essayait de rester forte et de comprendre ce que lui disait son interlocuteur. Sans succès. Elle cligna alors des yeux et joignit ses mains, inquiète.

- Monsieur, vous avez été cogné à la tête ?

Demanda t-elle.

Réaction BEAUCOUP TROP prévisible. L'esprit commun d'un humain réagissait a la logique comme a l'oxygène pur : De manière paradoxale.

L'homme a besoin de logique comme d'oxygène pour survivre. Mais un oxygène trop pur était toxique. Il fallait qu'ils respirent un gaz pollué, violé, muté, impropre. De même pour la logique. Ils ne pouvaient la comprendre, la saisir, l'intérpreter. Il faut sans cesse y ajouter des mensonges, des superstitions, des certitutes basées sur de faux faits.

-Votre existence même est impropre a la Logique. Vous êtes le feu brulant sur le sable dans la marmite du golem, sans aucun souffle divin. J'ai du primordial.

Parvenant finalement a atteindre l'objet tant coinvoité, Ahmed attrapa son briquet, et alluma sa cigarette.

-Conaissez vous Wagner ? Wagner était logique dans ses oeuvres. Et surtout, l'une des ses qualités principales était qu'il savait plonger l'auditoire dans l'action immédiatement. Pas de prologue interminable. Nous savions immédiatement a quoi s'attendre.

Ahmed s'approcha au plus près possible du visage de Lili.

-Dites moi, illogisme rampant sur la toile de l'univers : Etes vous tel le hollandais, dvictime d'une extinction etérnelle, destiné a maudire les pauvres hères sur son chemin, ou êtes vous la Valkyrie, annonciateuse de mort, mais aux intentions salvatrices ?

Lili ne comprenait pas un seul mot, elle semblait perdue et essayait de déceler ne serait-ce qu'un indice pouvant la mettre sur la voie pour pouvoir communiquer de façon normal avec son interlocuteur. Elle rougit lorsque ce dernier daigna s'approcher d'elle, si Nero était à côté, il aurait déjà dressé une sorte de barrière entre le nouvel agent et l'accueil de la Mog's. Remettant ses cheveux en place, elle secoua la tête de gauche à droite.

- Que dites-vous ? Vous devez sûrement être fatigué.

Du moins pour demander quelque chose que Lili ne comprenait pas vraiment.
Rapidement, elle alla chercher un verre d'eau, croyant que le réfugié avait soif voire faim, elle revint de suite avec un beignet dans sa main, elle tendit ensuite les mets à Ahmed.

- Tenez, cela vous remettra en forme.